Le quatorze juillet
Pierre-Jean de Béranger
1829 -
Écrit à la
prison de la Force, en 1829
Pierre-Jean Béranger
est le plus célèbre auteur de chansons du XIXeme siècle.
Né en 1780, il avait vécu la prise de la Bastille. Il s'en
souvient 40 ans plus tard, alors qu'il passe cette date glorieuse en prison.
Beaucoup de ses chansons étaient considérées comme
subversives par la censure du gouvernement de Charles X.
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Pour un captif, souvenir plein de charmes
!
J'étais bien jeune ; on criait
: vengeons-nous !
A la Bastille ! aux armes, aux armes
!
Marchands, bourgeois, artisans couraient
tous.
Marchands, bourgeois, artisans couraient
tous.
Je vois pâlir et mère,
et femmes et fille ;
Le canon gronde aux rappels du tambour.
Le canon gronde aux rappels du tambour
!
Victoire au peuple ! il a pris la Bastille
!
Un beau soleil a fêté
ce grand jour,
Victoire au peuple ! il a pris la Bastille
!
Un beau soleil a fêté
ce grand jour,
A fêté ce grand jour,
a fêté ce grand jour,
A fêté ce grand jour.
Enfants, vieillards, riche ou pauvre
on s'embrasse,
Les femmes vous redisant mille exploits.
Héros du siège, un soldat
bleu qui passe
Est applaudi des mains et de la voix.
(bis)
Le nom du roi frappe alors mon oreille
;
De La Fayette on parle avec amour ;
(bis)
La France est libre et ma raison s'éveille.
Un beau soleil a fêté
ce grand jour,
A fêté ce grand jour.
(ter)
Le lendemain un vieillard docte et grave
Guida mes pas sur d'immenses débris.
« Mon fils, dit-il, ici d'un
peuple esclave,
Le despotisme étouffait les
cris. (bis)
Mais des captifs pour y loger la foule,
Il creusa tant au pied de chaque tour,
(bis)
Qu'au premier choc le vieux château
s'écroule.
Un beau soleil a fêté
ce grand jour,
A fêté ce grand jour.
(ter)
Le Liberté, rebelle antique et
sainte,
Mon fils, s'armant des fers de nos
aïeux,
A son triomphe appelle en cette enceinte
L'Egalité, qui redescend des
cieux. (bis)
De ces deux sœurs la foudre gronde
et brille.
C'est Mirabeau tonnant contre la Cour.
Sa voix nous crie : Encore une Bastille
!
Un beau soleil a fêté
ce grand jour,
A fêté ce grand jour.
(ter)
Où nous semons chaque peuple
moissonne.
Dèjà vingt rois, au bruit
de nos débats,
Portent, tremblants, la main à
leur couronne,
Et leurs sujets de nous parlent tout
bas. (bis)
Des droits de l'homme, ici, l'ère
féconde.
S'ouvre, et du globe accomplira le
tour. (bis)
Sur ces débris Dieu crée
un nouveau monde.
Un beau soleil a fêté
ce grand jour,
A fêté ce grand jour.
(ter)
De ces leçons qu'un vieillard
m'a données,
Le souvenir dans mon coeur sommeillait.
Mais je revois, après quarante
années,
Sous les verrous, le Quatorze juillet.
(bis)
O Liberté ! ma voix, qu'on veut
proscrire,
Redit ta gloire aux murs de ce séjour.
(bis)
A mes barreaux l'aurore vient sourie
;
Un beau soleil fête encor ce
grand jour,
Fête encor ce grand jour. (ter)
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