Les voilà, ces couleurs peintes
dans ma mémoire,
Qui flottaient dans l'air libre autour
de mon berceau !
Le voilà, ce doux prisme où
j'ai vu tant de gloire !
Ralliez-vous, Français ! voilà
votre drapeau.
On le brise, on le brûle ; on
ne saurait l'éteindre :
Il renaît de sa cendre, il se
rallume au jour.
O grand peuple, il t'ombrage ; et c'est
pour mieux l'étreindre
Qu'il est tombé du soleil dans
son réveil d'amour.
Voyez, c'est l'arc sauveur qui brille
après l'orage ;
Voyez, de toutes parts, il cerne l'horizon
;
Phare longtemps voilé, guide
ardent du courage,
Aimé... comme un ami qui sort
de sa prison.
Le voilà, ce trésor, linceul
de tant de braves !
Qu'on l'étende sur eux ! C'est
pour lui qu'ils sont morts.
Qu'il est grand dans les airs, sorti
de ses entraves !
Qu'il est beau dans vos bras, dans
vos rangs sans remords.
Sentez-vous palpiter la tombe fraîche,
immense
De nos jeunes héros ? Français,
que vos couleurs
Se baignent dans leur gloire où
la nôtre commence !
Baptisez ce drapeau par leur sang et
nos pleurs !
Et Dieu le répandra, comme un
sillon de flamme,
Des montagnes sur l'onde, et du ciel
au vallon.
Liberté ! Liberté ! voeu
du coeur et de l'âme,
Le monde a des échos pour répéter
ton nom.