Lorsque tu t'arrêteras Ô
Jeanne, dans Auxerre
Priante et seule en ce recueillement
Vers qui regarderas tu et quel événement
?
Était-ce le regret de ta pauvre
chaumière ?
Ou bien des champs, des arbres du verger
?
De ta mie Henriette, ou bien de ton
clocher ?
Ou bien encore les voix des saintes
et de l'ange ?
Ou les effrois des manants pourchassés
Et la sombre clameur du Royaume en
pitié ?
Ou bien déjà les bruits
du camp et les alarmes
Et pour l'assaut, les trompes et les
cris
Ou bien les Te Deum chantés
sur les parvis ?
Ou bien en ce faubourg un grondement
de foule
Et dans ta chair un premier frissonnement
Et le baiser du feu, et le froid dans
le vent ?
Lorsque tu t'arrêtas, ô
Jeanne, dans Auxerre
Ne vis-tu pas, en ce recueillement
Nos bras tendus vers toi, Cheftaine,
en serment ?