La France est blanche comme un
lis,
Le front ceint de grises verveines
;
Dans le massacre de ses fils,
Le sang a coulé de ses veines
;
Ses genoux se sont affaissés
Dans une longue défaillance.
O Niobé des temps passés,
Viens voir la douleur de la France
!
Refrain:
Offrons à Dieu le sang des morts
De cette terrible hécatombe,
Et que la haine et les discordes
Soient scellées dans leur tombe
! (bis)
Quatre jours pleins et quatre nuits,
L'ange des rouges funérailles,
Ouvrant ses ailes sur Paris
A soufflé le vent des batailles.
Les fusils, le canon brutal
Vomissant à flots sur la ville
Une fournaise de métal
Qu'attisait la guerre civile.
Refrain
Combien de morts et de mourants,
Insurgés, soldats, capitaines
!
Que d'hommes forts dans tous les rangs
!
Peut-il rester encor des haines ?
Le pasteur tendant l'olivier,
D'une balle est atteint lui-même
:
« Oh ! que mon sang soit le dernier
! »
Dit-il à son heure suprême.
Refrain
La faim aux quartiers populeux
Est une horrible conseillère
;
Le lion, que brûlent ses feux,
Rugit et quitte sa tanière.
Un peu d'or dans l'ombre semé,
Un flambeau de pourpre qui brille,
Font sortir tout un peuple armé
Quand le pain manque à la famille.
Refrain
Ce n'est pas sans avoir saigné
Que notre capitale est sauve ;
Grâce aux canons, l'ordre a régné,
On a traqué la bête fauve.
La mort a souillé l'eau des
puits,
Des ruisseaux et de la rivière.
On n'a fait que peupler depuis
Les cachots et le cimetière.
Refrain
Il ne reste, après ce grand deuil,
D'autre profits de la bataille,
Que des frères dans le cercueil
Et des prisonniers sur la paille.
O République au front d'airain
!
Ta justice doit être lasse :
Au nom du peuple souverain,
Pour la première fois, fais
grâce !
Refrain