C'était
le soir de Wissembourg
Et la bataille
était depuis longtemps finie
Une ferme qui
tout le jour
Avait vomi la
mort sur l'armée ennemie
Voyait maintenant
sur ses toits
Flotter la bannière
allemande
De tous les défenseurs
il n'en restait que trois
La mère
et ses deux enfants, la surprise était grande
Et les sombres
vainqueurs en comptant leurs soldats
Qui manquaient
à l'appel se demandaient tout bas
Comme il se faisait
que le bras d'une femme
Ait pu coucher
autan t d'hommes sur les chemins
En entrant dans
la ferme, on leur lia les mains
Puis le chef
leur cria : Recommandez votre âme
On va vous fusiller
le long de la maison !
La mère
alors comme un lion
Bondit devant
les baïonnettes
Et dit : pour
moi, c'est bien faites
Mais grâce
pour mes petits
Ils n'ont pu
tenir dans leurs mains de fusils
Moi seule ai
brûlé ces cartouches
Mais eux n'y
sont pour rien, vous n'êtes pas farouches
Au point d'aller
tuer ces innocents !
Grâce pour
eux, messieurs les allemands
N'est-ce donc
pas assez de leur prendre leur mère
Moi, je veux
bien mourir
Mais après,
n'est-ce pas, ils pourront partir ?
Ils vont être
orphelins, car ils n'ont plus de père
- C'est assez
dit le chef, finissons cette fois
Qu'on les fusille
tous les trois !
- Non dit le
mère, Oh ! Dieu, j'ai le délire !
J'ai mal compris,
vous avez voulu rire
Car vous êtes
vainqueurs, cela vous rend joyeux
Les soldats aiment
bien être victorieux
Tirer sur des
enfants oh ! non, c'est impossible.
Non cela n'est
vrai qu'ils vont vous servir de cible
Au plomb de vos
soldats
Des enfants de
six ans, vous ne l'oseriez pas !
Chant :
Vous devez avoir
une mère
Et là-bas
dans votre pays
Des enfants qui
pleurent leur père
Ayez pitié
de mes petits
Ils n'ont rien
fait, je vous le jure
Moi seule ai
visé vos soldats
Au travers de
cette embrasure
Mais eux ne me
les tuez pas !
Quand je vais
aller tout à l'heure
Me mettre au
bout de vos fusils
Enfermez les
dans ma demeure
J'aurais peur
d'entendre leurs cris
Leur père
est mort depuis l'automne
Ils s'en iront
par les chemins
O soldats que
Dieu vous pardonne
De faire ainsi
des orphelins
Allons, venez,
vive la France !
Adieu petits,
ne pleurez pas !
Je vais tomber
pour sa défense
Et de la mort
de ces soldats
Quand la guerre
sera finie
Vous viendrez
de vos petits doigts
Couper l'aubépine
fleurie
Pour l'en faire
une croix.
- Finissons, dit
le chef, allons qu'on les emmène
- Oui dit la
mère, eh ! bien vous allez voir
Ta mère
aussi ne doit plus te revoir !
Les os de tes
soldats resteront dans la plaine !
Et brisant les
liens de ses poignets sanglants
Une torche à
la main, prompte comme la foudre
Elle bondit vers
un tonneau de poudre
Et fit sauter les
allemands !