Un jour, longeant une route d'Alsace
Une fillette au regard enchanteur
Vit qu'un soldat prussien suivait sa
trace
A cette vue, l'enfant frémit
d'horreur
Pour l'éviter, elle marche plus
vite
Mais le germain la rejoignit à
l'instant
Et l'accostant doucement, il l'invite
Puis la contemple et lui dit en tremblant
:
Vos cheveux d'or et votre oeil d'azur
qui brille
Vos blanches dents et votre front vermeil
Depuis longtemps, charmante jeune fille
Me font rêver et troublent mon
sommeil
J'ai de l'or et des biens en Allemagne
Venez là-bas, quittez tous vos
amis
Vous serez riche, oh ! soyez ma compagne
Pour le bonheur, quittez votre pays.
Fixant alors son oeil plein de colère
Sur l'audacieux qui lui disait ces
mots
Elle lui répond : " - Vous qui
depuis la guerre
N'avez partout causé que des
sanglots
Vous qui tenez la frontière
asservie
Et l'oppressez par vos lâches
méfaits
Vous apprendrez que jamais l'on oublie
Quand on possède un vrai coeur
de français.
Qu'importe à moi, votre amour,
vos richesses
Celui que j'aime est pauvre comme moi
J'ai du mépris pour toutes vos
promesses
Mieux vaut mourir que subir votre loi
"
Le prussien qui ne se sent plus de
rage
Va se jeter sur elle quand soudain
De la frontière accourt avec
courage
Un beau jeune homme à l'oeil
plein de dédain
Sur l'Allemand, bravement il s'élance
Lui porte au coeur un coup rude et
fatal
Et puis il dit ! Noble fille de France
Fuyons ce peuple insolent et brutal
Alsace, adieu notre belle patrie
Nous reviendrons quand nos soldats
vainqueurs
Expulseront de la terre chérie
Tous ces prussiens, farouches oppresseurs.
France, entends tu ces pleurs, ces cris
de rage
Que chaque jour te porte les échos
?
Quand, pour venger l'Alsace et la Lorraine
Renaîtra-t-il des généraux
héros ?